Le squat oublié des sans-papiers

Publié le par COMITE SOUTIEN CSP 75

« La sécu au service de Besson? | Accueil

06 mars 2009

Le squat oublié des sans-papiers

C'est une «lutte oubliée et méconnue». Depuis le 2 mai 2008, des Africains en situation irrégulière occupent des locaux de la bourse du travail de Paris. Selon la CSP 75 (coordination des sans-papiers), ils sont 1300 en lutte pour être régularisés. Tous travaillent, et veulent bénéficier d'une circulaire de janvier 2008 permettant aux étrangers employés dans un secteur en pénurie de main d'œuvre de demander un titre de séjour. Dix mois après le début du mouvement, 90 ont obtenu des papiers sur les 750 ayant déposé un dossier à la préfecture de police de Paris. Ce qui est peu. Hier, 5 mars, les meneurs du mouvement ont lancé un cri d'alarme. Ils craignent d'être expulsés des locaux qu'ils occupent jour et nuit. La commission administrative de la Bourse du travail – composée de la CFDT; la CGT, FO, la CFE-CGC, l'Unsa et Solidaires - réunie en séance plénière le 5 février 2009 aurait formulé de nombreux griefs contre ce mouvement. D'où leur inquiétude.

Leur mouvement a débuté après celui lancé le 15 avril 2008 par la CGT et l'association Droits Devant. Plusieurs centaines de salariés en situation irrégulière soutenus par ce syndicat s'étaient alors mis en grève sur leur lieu de travail. Les mois suivants, d'autres sans-papiers ont rejoint le mouvement qui dure toujours. Aujourd'hui, selon la CGT, sur 2 300 grévistes suivis, «on est à 1 270 régularisations», sans compter, ajoute Droits Devant, des «centaines de dossiers, car des patrons font chaque jour régulariser des travailleurs sans qu'on le sache».

Entre la CSP 75, la CGT, Droits Devant voire même le Réseau éducation sans frontières, les relations ont longtemps été tendues. En cause, le choix des Africains d'occuper la bourse du travail, lieu géré par les syndicats, et pas un autre lieu. Les sans-papiers de la bourse sont des «amis» affirme ainsi Brigitte Wieser, du RESF, mais «occuper un lieu où l'on empêche la CGT de travailler, cela arrange la préfecture et le gouvernement, et c'est aller vers une impasse».

Hier, les représentants de l'Union départementale CGT de Paris se sont invités à la réunion organisée par la CSP 75. Son secrétaire général, Patrick Picard, a souligné les «contraintes» que cette occupation fait peser sur la vie quotidienne à la bourse du travail. Selon lui, «il y a d'autres modes d'action à creuser». Allusion à une éventuelle expulsion? Pour la CGT, une évacuation par la force ferait mauvais genre. Quoiqu'il y a un précédent. En avril 2007, des gros bras syndicaux avaient viré un collectif de sans-papiers qui occupait un autre immeuble de la bourse du travail. Cette action avait fait grand bruit. Coincées, la CSP et la CGT ont renoué le dialogue. «Nous nous sommes proposé d'aider à monter les dossiers», explique Patrick Ricard. Le Haut conseil des Maliens de France, association qui fédère la diaspora malienne, et le NPA (nouveau parti anticapitaliste) se sont également impliqués dans ce dossier.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article